Article : Qu'est ce que la Résilience ?

« Ce sont les « psy » qui ont alerté sur la nécessité de la parole, afin que la souffrance de l’enfant soit reconnue. Le moyen le plus efficace et finalement assez rapide de resocialiser les victimes, c’est la métamorphose du traumatisme. Dès l’instant où l’on peut parler du traumatisme, le dessiner, le mettre en scène ou le penser, on maîtrise l’émotion qui nous débordait ou nous glaçait au moment du choc. »     Boris Cyrulnik

Selon Cyrulnik, « chez tout un chacun », des « braises de résilience » sont présentes, qu’on souffle dessus à bon escient, et l’enfant meurtri, fracassé, stoppé net dans son développement par le deuil, la maltraitance ou les atrocités de la guerre, sortira de son « agonie psychologique » et reprendra le chemin de la vie. Le pouvoir de « renaissance » dont plusieurs équipes dans le monde commencent à découvrir la puissance, implique néanmoins de rencontrer, sur ce chemin difficile, des « tuteurs de développement » suffisamment solides, compétents et compréhensifs.

« Faire naître un enfant n’est pas suffisant, il faut aussi le mettre au monde » affirme Boris Cyrulnik. Ses travaux insistent sur l’importance des « nourritures affectives ». C ‘est pour l’avoir ignoré, sous l’ère Ceausescu, que 40% des orphelins et enfants abandonnés sont morts en Roumanie. Les adultes doivent aider les enfants à se construire un capital psychologique qui leur permettra de façonner une résilience et trouver les ressources intérieures et extérieures, le moment venu.

Lorsqu’un trauma, un fracas, une épreuve arrive, même les enfants qui possèdent des ressources internes, ne peuvent pas reprendre leur développement sans l’aide de ressources externes affectives, disposées autour d’eux par l’environnement humain proche, par la culture et/ou les institutions. Ce sur quoi l’on doit réfléchir, c’est la manière d’aider les enfants à traverser les difficultés avec succès.

Tout l’environnement doit participer au processus de résilience. Les ONG ont fait un travail remarquable dans ce sens, en offrant aux enfants les plus démunis, nourriture, hébergement, hygiène, scolarisation, soins, etc.… L’accompagnement psychologique correspond à un besoin qui n’est pas encore généralisé. Or, pour ces enfants, exprimer leur monde intime par le chant, le dessin, la littérature, la danse, le théâtre sans les forcer à parler, permet de les aider à reprendre leur développement, à tisser un lien auquel l’on pourra ultérieurement donner un sens en laissant naître, le moment, venu, la parole libératrice.

Meilleur sera l’accompagnement, plus aisée sera la résilience. La résilience, c’est un processus de vie pour tous les enfants victimes de la violence humaine, de la misère ou de leur entourage proche, c’est un appel au dépassement de soi, une pensée positive par temps d’inquiétudes. Plus que l’énergie du désespoir, c’est une espérance.