Article : “Chaul Chhnam Thmey”, Le Nouvel An Khmer
Comme un saut dans le temps, le “Chaul Chhnam Thmey”, le nouvel an khmer, littéralement “Entrer dans la nouvelle année” s’est déroulé les 14, 15 et 16 avril 2015, correspondant à l’année 2559 selon le calendrier bouddhique. C’est l’avènement de l’année de la chèvre.
LES ORIGINES …
Suivant les préceptes du brahmanisme (qui suit le calendrier lunaire), les fêtes du nouvel an khmer étaient célébrées fin novembre-début décembre. Pendant la période d’Angkor (9e-13e siècle), apogée de la civilisation khmère, le Grand Roi de l’empire khmer déplaça les célébrations au 5e mois du calendrierlunaire, correspondant au mois d’avril. Période plus propice, la population khmère étant à majorité paysanne, la mi-avril coïncide à la fin des récoltes, pic de chaleur avant la saison des pluies. Le lancement des trois jours de fêtes est rythmé aux sons des cloches et des gongs qui résonnent dans tout le Royaume.
TROIS JOURS DE FESTIVITÉS…
Le 1er jour, Moha Sangkran, “la grande marche” en sanskrit, accueille la nouvelle divinité annuelle en charge de la protection de la Terre. La population se presse au marché, nettoie et décore leurs maisons et prépare de nombreux plats. Les pagodes sont investies afin d’y déposer des offrandes aux bonzes et de brûler des bâtons d’encens, une manière de remercier les divinités pour l’année passée. Dans l’après-midi, l’enceinte de la pagode est envahie par des groupes de jeunes gens. C’est le temps des jeux traditionnels : sorte de ballon prisonnier ou de jeux de cordes. C’est également l’occasion de rencontres entre filles et garçons.
Le 2e jour, Voreak Wanabat, l’accent estmis sur l’adoration et la charité envers les aînés et les plus démunis : pauvres, domestiques … auxquels on présente des offrandes. Sur le sol des pagodes, on observe des monticules de sable : le grand dôme représentant Buddha, les quatre petits autour, ses principaux disciples. Les jeux traditionnels entre filles et garçons se prolongent, prémices de relations plus pérennes, allant parfois jusqu’au mariage. Dans la soirée, les musiques et danses traditionnelles khmères réunissent petits et grands.
Enfin, le 3e jour, Thngai Laeung Saka, marque l’entrée dans la nouvelle année et clôt les festivités. L’eau, élément indispensable à la vie et symbole de purification, rythme ce dernier jour. Les statues de Buddha sont bénies à la pagode. Dans la rue, la population s’asperge d’eau et libère les oiseaux achetés auparavant au marché. Les fautes passées sont ainsi absoutes et la population entre sereinement dans la nouvelle année.
A L’ORIGINE DES CÉLÉBRATIONS, UNE LÉGENDE …
… Issue de croyances d’origine brahmanique. Selon la légende Preah Prom, le dieu à quatre visages entendit parler d’un jeune homme reconnu pour son intelligence : Thomabal Komar. Curieux, Preah Prom décida de tester l’intelligence de cet homme avec une devinette : “Quels sont les trois actes qui apportent chance et réussite chaque jour ?” Si le jeune homme parvenait à répondre correctement à la question, Preah Prom lui offrirait sa tête en guise de récompense.
Incapable d’y répondre, Thomabal Komar s’enfuit méditer sous un arbre où il entendit deux aigles parler de cette devinette pourtant simple. Pour réussir, l’homme doit se laver le visage le matin, prendre une douche dans la journée et se laver les pieds le soir. Thomabal Komar retourna ainsi voir le dieu avec la réponse. Comme promis, le dieu lui offrit sa tête. Or, sur Terre la tête du dieu y détruirait la vie, dans l’eau elle provoquerait l’assèchement des mers et des océans, et dans les airs elle le transformerait en une fournaise géante. La tête du dieu fut alors déposée au Mont Mérou, sur lequel une de ses douze filles descend chaque année pour en prendre soin, protégeant ainsi la Terre de l’apocalypse. Chacune descend sur sa monture, l’un des douze animaux de la mythologie khmère. En 2015, la déesse sera donc accompagnée du Momae, la chèvre.
TÉMOIGNAGE DE SAM, BÉNÉVOLE AU SEIN DE REA
Christine : Comment célébrais-tu le nouvel an khmer en France ? Sam : De mes souvenirs d’enfants, je garde un rassemblement joyeux et foisonnant dans une salle des fêtes de la banlieue de Metz, où s’entremêlaient spectacles de danse, sketches khmers et de nombreuxstands de nourriture aux effluves embaumants. Un orchestre prenait ensuite la relève et faisait danser les convives, aussi bien sur des danses traditionnelles “ROAM VONG”, que d’autres plus contemporaines. C’était l’occasion pour mes parents de retrouver de vieux compatriotes, et de reparler khmer, le temps d’une soirée … de retrouver un de peu de Royaume khmer en France.
Christine : Et comment ça se passait au Cambodge ? Sam : C’est vrai. Je me suis dit pourquoi ne pas demander à mes parents, les souvenirs qu’ils en avaient gardé. Après tant d’années d’exil, je vous livre en vrac leurs souvenirs : fête à la pagode, mets culinaires spéciaux, jeux traditionnels opposant filles et garçons, offrandes, danses et alcool à volonté pendant trois jours.
Pour en découvrir plus, la Grande Pagode du Bois de Vincennes organise tous les ans, une petite kermesse pour célébrer le nouvel an khmer.
Article co-écrit par Sam et Christine, bénévoles REA
Responsables comptabilité
Vous voulez nous aider à redonner aux enfants leur enfance ? Vous êtes comptable ou contrôleur...
Pendant cette période de confinement...
...nous vous proposons de lire notre dernier newsletter. Il y a beaucoup de nouvelles chez REA...
Responsable comptabilité
Vous voulez nous aider à redonner aux enfants leur enfance ? Vous êtes comptable ou contrôleur...
Qu'est ce qu'on apporte aux ONGs ?
Qu’est-ce que REA apporte aux efforts des autres ONGs ? Réponses d’Anne-Geneviève Roger,...
Pourquoi agissons-nous ?
Ca fait tout juste un an depuis la sortie de ce film documentaire qui raconte la vie de...
De beaux projets pour les 12 mois à venir et un au revoir à Sophie.
Nous avons tenu notre AG le 10 Juin dernier. Que de beaux projets : doubler le nombre de...